ATS ou la polyvalence au service de l’aéronautique © Christel Arakelian, responsable des ressources humaines pour Aero Technic Services.

ATS ou la polyvalence au service de l’aéronautique


Marie Christophe
| 09/02/2017 | 1044 mots | AEROCONTACT | MAINTENANCE / MRO

Si les profils techniques sont très recherchés dans le secteur, une seule compétence n’est plus forcément suffisante. Forte de son rayonnement à l’international, l’aéronautique française nécessite sur de nombreux postes la maîtrise d’un anglais bilingue, au minimum. C’est toute la difficulté que rencontre Christel Arakelian, responsable des ressources humaines pour Aero Technic Services.

Quelles sont les activités d’Aero Technic Services ?

Implantée à Rousset dans les Bouches-du-Rhône, ATS est une société de prestation de sous-traitance qui existe depuis une dizaine d’années. Nous comptons quatre collaborateurs et une vingtaine d’instructeurs. Nous intervenons au niveau de la production (ajusteurs, mécaniciens), de la maintenance (en site chez le client), de l’ingénierie (bureau d’études, conception, etc …) et de l’instruction (pour la formation des clients sur les appareils qu’ils achètent). Aujourd’hui notre cœur d’activités est l’instruction, avec beaucoup de demandes. Il y a des instructeurs vol, sol et mécaniciens. Nous sommes très compétitifs sur ce secteur.

Quel est le profil idéal pour devenir instructeur ?

À la base, ce sont des techniciens, des mécaniciens avec 5 à 10 ans d’expérience dans l’aéronautique. Avoir de l’expérience à l’international compte pour beaucoup. Enfin, être bilingue en anglais est obligatoire …

Quelle est la proportion de votre activité à l’international par rapport à la France ?

Nous travaillons à 90% pour l’international, 10% pour la France donc.

Pourquoi avez-vous été amenés à travailler à l’étranger ?

Nous avons développé notre activité à l’international, car le marché français est relativement saturé. Il y a plus de place à l’étranger, nous sommes très bien implantés en Italie. Il n’y a pas d’école aéronautique en Italie ou Espagne comme il y en a en France. Les clients font appel à nos services, car nous avons un savoir-faire, des connaissances. Nous pouvons prendre sous notre responsabilité tout un groupe d’activité, car ils savent que nous maîtrisons le sujet. Cela a un coût, mais le résultat est là, sans les contraintes de l’embauche.

Comment décririez-vous le marché aujourd’hui ?

Les demandes ont évolué, elles sont moins nombreuses qu’il y a 5/6 ans. Auparavant nous travaillions beaucoup en partenariat, aujourd’hui c’est plus aléatoire. Les clients sont de plus en plus exigeants, mais les salaires ou les budgets n’ont pas forcément évolué en conséquence.

Le problème, c’est la politique du « toujours moins cher ». A force de vouloir chercher le moindre coût, cela devient dramatique pour notre savoir-faire. À titre d’exemple, à l’époque les ajusteurs gagnaient de très bons salaires, on s’arrachait ce type de postes. De nos jours les postes d’ajusteurs sont très souvent délocalisés, beaucoup moins attractifs en France. Le problème majeur, c’est la délocalisation.

Comment recrutez-vous ?

Pour ma part, j’évolue depuis 25 ans dans le secteur aéronautique, j’ai donc mon propre réseau que j’entretiens. Nous disposons également d’une base de données de 1500 curriculum vitae, nous faisons beaucoup de relationnel. J’utilise également Aerocontact.com, qui permet de trouver des profils techniques que nous cherchons en aéronautique. Malheureusement les services d’emploi plus généralistes ne nous sont d’aucune utilité … même pour embaucher des interprètes … En revanche, nous utilisons les sites d’interprétariat, ainsi que des écoles comme l’ISIT. Nous savons également que des profils ayant travaillé en traduction simultanée, à l’ONU par exemple, seront suffisamment compétents techniquement pur intervenir sur le secteur aéronautique.

Quelles problématiques rencontrez-vous dans votre recrutement pour le secteur ?

Aujourd’hui, la barre est de plus en plus élevée. Nos clients attendent beaucoup de polyvalence. Notre problématique est de trouver des profils compétents et expérimentés, mais également capables de maîtriser leur sujet en anglais courant. Ceux qui ont l’expertise, ne parlent pas forcément anglais et inversement. Nous ne pouvons pas forcément les former par manque de temps et de budget. Nous trouvons des compromis, mais cette difficulté nous pousse à nous tourner vers un recrutement davantage international, ce que nous déplorons. Mais nous dépendons des carnets de commandes de nos clients et devons y répondre.

Qui sont vos clients ?

Ce sont essentiellement des groupes à l’international comme Finmeccanica (NDLR : Leonardo depuis début 2017), AugustaWestland, Airbus Helicopters ou Safran.

Comment travaillez-vous avec vos clients lors de l’arrivée d’un nouveau candidat ?

À partir du moment où je rencontre le candidat, il passe un entretien oral en anglais en me présentant son curriculum vitae. Nous évoquons les conditions d’embauche et le type de contrat, suite à quoi le candidat visite tous les services de notre client. Un mois plus tard, il est convoqué pour un entretien physique. Il nous faut environ deux mois pour recruter un candidat en CDI, en binôme avec le client, avec qui nous mettons en commun nos idées et nos compétences.

Comment sont formés les instructeurs ?

Le candidat suit une formation directement chez notre client, formation qui dure 3 à 6 mois en fonction de ses capacités d’assimilation. Il passe ensuite un examen pour tester ses compétences pour devenir instructeur, suite auquel il est qualifié, ou non. Les entretiens sont très sélectifs, on ne se trompe pas.

Embauchez-vous des interprètes sur certaines missions techniques ?

Nous faisons travailler des interprètes en free-lance, car les besoins sont ponctuels. Il s’agit souvent de profils bilingues anglais/russe, anglais/chinois, anglais/coréen.

Ont-ils besoin d’avoir de l’expérience dans le secteur aéronautique ?

Oui, leur intervention étant très technique, leur compétence doit être à la fois linguistique et liée à l’univers aéronautique.

Quel type de profil recherchez-vous aujourd’hui ?

Il y a une carence complète des instructeurs avioniques qui parlent anglais. Si j’en trouve cinq, j’en embauche cinq !

Quels sont vos objectifs pour 2017 ?

Continuer à recruter nos instructeurs dans la mesure du possible … et toujours faire mieux !

Propos recueillis par Marie CHRISTOPHE

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