Drones : un casse-tête pour l'aéroport international de Dubaï
© Konstantin von Wedelstaedt

Drones : un casse-tête pour l'aéroport international de Dubaï


AFP
| 21/02/2017 | 822 mots | AEROCONTACT | TRANSPORT AÉRIEN

A trois reprises l'an dernier, l'aéroport international de Dubaï a été obligé de fermer à cause de simples drones récréatifs qui risquaient d'entrer en collision avec de gros avions commerciaux.

Les fermetures temporaires de l'espace aérien de cet aéroport, l'un des trois les plus actifs au monde, ont eu de sérieuses conséquences: plusieurs millions de dollars de pertes et une cascade de déroutements d'avions et de retards.

Mais "l'impact économique n'est pas pris en compte" lorsqu'il s'agit de la sécurité des passagers, affirme à l'AFP Ismaeil Al Blooshi, directeur général adjoint chargé de la sûreté à l'Autorité de l'aviation civile des Emirats arabes unis.

Il a donc été considéré qu'à trois reprises en 2016, la présence de drones à proximité de l'aéroport représentait "une menace pour les personnes en vol", dit-il.

La fermeture de l'espace aérien a suscité la colère des compagnies aériennes opérant à Dubaï, dont la géante Emirates, qui ont demandé aux autorités d'introduire des détecteurs "chasseurs" de drones.

"Les perturbations liées aux vols non-autorisés de drones coûtent à Emirates des millions de dirhams chaque fois et affectent des milliers de passagers", avait regretté la compagnie après un nouvel incident en novembre.

Les autorités n'ont procédé à aucune arrestation mais ont depuis durci les conditions d'utilisation des drones, extrêmement populaires aux Emirats. Leurs utilisateurs risquent désormais jusqu'à trois ans de prison ou une amende de 100.000 dirhams (25.000 euros) s'ils font voler leurs engins dans un périmètre de cinq kilomètres autour d'un quelconque aéroport.

La police de Dubaï a la capacité de neutraliser un drone, s'est contenté de déclarer à l'AFP un responsable de la sécurité, sans donner de précisions sur ces moyens.

Lundi, une entreprise privée a profité du grand salon de l'armement IDEX à Abou Dhabi pour présenter un système "chasseur" de drones. La compagnie SkyStream, basée à Dubaï, dit avoir conçu un système en trois phases, capable d'identifier le drone, de brouiller son signal et, éventuellement, de le détruire s'il était considéré comme "hostile".

- Zones rouges -

Comme les Emirats, de nombreux pays tentent de s'adapter à l'explosion du marché des drones. "D'une façon générale, la réglementation pour les système d'avion piloté à distance (RPAS) progresse", constate William Raillant-Clark de l'Organisation de l'Aviation civile internationale (Icao).

Dans l'Union européenne, le nombre d'incidents "a augmenté au cours des dernières années", précise Yves Morier, de l'agence chargée de la sécurité aérienne (Easa). Cette dernière a légiféré sur les drones pesant plus de 150 kg qui représentent la plus forte menace pour la sécurité aérienne.

Figurant parmi les pays en pointe, la France a proscrit l'utilisation des drones dans un rayon de dix kilomètres autour des aéroports.

A Dubaï, l'Autorité de l'aviation a également introduit une application pour téléphones mobiles qui indique clairement les zones d'interdiction aérienne pour les drones à travers le pays. Les zones rouges sont assez vastes et incluent les aéroports, les secteurs militaires et d'autres installations stratégiques.

Il est en outre envisagé d'inclure un système de géorepérage qui empêche automatiquement le drone de survoler des zones interdites. "Nous parlons avec différents fabricants pour imposer cela comme exigence d'importation aux Emirats", précise M. Blooshi.

- Utiles pour la sécurité -

Pour les pilotes, la menace des drones s'ajoute à celle posée par les oiseaux qui viennent s'encastrer dans les réacteurs.

"Nous avons des moyens et des données pour prédire le moment et le lieu d'une migration d'oiseaux", mais "avec les drones, vous avez cet objet dans l'air et vous ne savez pas quelles sont les intentions du type" qui le téléguide au sol, souligne M. Blooshi.

A Dubaï comme en Europe, les autorités cherchent à garantir la protection de la population et de l'aviation sans pour autant freiner le développement des drones, un marché économiquement porteur et susceptible d'améliorer la sécurité.

"Nous utilisons des drones pour la sécurité des évènements, le déplacement de convois (de personnalités) ou la détection d'explosifs", indique le sergent de police Abdullah al-Harbi qui dirige à Dubaï une équipe technique de soutien au Département pour la protection et les urgences.

La défense civile dans l'émirat voisin d'Ajman a déjà déployé des drones pour secourir des personnes en train de se noyer en mer. Ils sont équipés de détecteurs thermiques et de caméras pour surveiller les eaux, et transportent quatre bouées susceptibles d'être lancées grâce à une télécommande.

"Les drones sont bons pour nous", résume M. Blooshi, "et nous souhaitons les gérer de façon équilibrée".


 

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